ACCIDENT

Reprendre le contrôle, un jour à la fois

Mon retour progressif au fauteuil

Au fil des jours d’alitement, j’ai eu l’autorisation de retourner au fauteuil progressivement : une heure le premier jour, puis deux heures le deuxième, et ainsi de suite ! Mon escarre au pied a rapidement guéri sans laisser de cicatrice. Celle du sacrum, en revanche, a mis plus de temps : elle était plus profonde, en forme de papillon, c’était mignon en un sens.

 


Chaque jour, on venait désinfecter la plaie et refaire le pansement. Au goûter, je devais boire une boisson protéinée (beurk…), le seul goût qui passait était vanille. Je m’asseyais dans mon lit pour manger et pour mes séances de rééducation en ergothérapie.

 


La rééducation : corps et esprit

 

Les rééducateurs passaient en chambre. En kiné, je faisais des exercices de respiration, de mobilisation des jambes, et un peu de renforcement musculaire des bras. J’ai également commencé la psychomotricité*. Lors des premières séances, la thérapeute me demandait comment je me sentais, m’invitait à écouter mes émotions… Je me suis dit : Mais qu’est-ce qu’elle me veut celle-là ? Elle est psy ou psychomot’ ? 🤦🏼‍♀️

Elle faisait rouler un ballon en plastique mou sur tout mon corps, ce qui me procurait un effet massage : j’adorais ! C’est plus tard que j’ai compris combien cela me faisait du bien.

En ergothérapie, nous travaillions énormément la motricité fine avec différents jeux. Une stagiaire super gentille m’a proposé un matin d’essayer de boire dans un verre en verre (jusqu’alors, je buvais avec une paille). Ai-je réussi ? 👉 Visionne la Vidéo !

 

Un changement de chambre et un pas vers l’autonomie

 

En parallèle, les soignants ont décidé de me changer de chambre. Je suis partie de l’autre côté du service. En entrant, la porte s’ouvre automatiquement grâce à un bouton. J’aperçois des rails au plafond. L’agencement est similaire à l’ancienne chambre, mais inversé : salle de bain à droite au lieu d’à gauche.

 

Cette chambre entièrement domotisée* m’a rendue plus autonome. Mon ergothérapeute m’a installé un KEO, un écran tactile qui me permet de contrôler la lumière, les volets, la télévision, le lit… Le lève-personne est intégré et « logé » au-dessus des toilettes, d’où les rails.

 


J’étais un peu perturbée par ce changement, mais aussi très heureuse de gagner en autonomie. Il me fallait de l’entraînement pour atteindre le bouton d’ouverture de porte
, il ressemble à un interrupteur, mais je progressais.


L’ascenseur, cette grande aventure

Je n’arrivais pas à atteindre les boutons de l’ascenseur, j’étais donc toujours accompagnée. En ergothérapie, on m’a aidée à travailler cela. Ils m’ont fabriqué une baguette en bambou pour appuyer sur les boutons. Je devais bien me positionner, viser, appuyer… mais c’était lent. Ça m’a vite saoulée. J’attendais qu’un passant m’aide.

Mais petit à petit, j’ai gagné en mobilité, jusqu’à appuyer seule sur les boutons intérieurs et extérieurs. Je pouvais enfin me balader comme je le voulais. Alléluia !

 

Rendez-vous médicaux : entre soulagements et craintes

Le 4 octobre, IRM de la moelle épinière : persistance d’un défaut de perméabilité de l’artère vertébrale gauche, disséquée lors du traumatisme initial.

Le 13 octobre, rendez-vous avec l’orthopédiste. Bonne nouvelle : j’ai enfin vu mon arthrodèse, ma fameuse « cage »,sur la radio !


Je demande
:
« Est-ce que je pourrai reprendre le sport ? (surtout le foot)
— Aucun problème.
— Et les têtes ?
— Bien sûr ! »

Ravie. Reprendre le foot si un jour je remarche était ma plus grande peur. Et c’est envisageable !

Puis, l’annonce :
« On va pouvoir enlever la minerve.

Ma mère sourit. Moi, paniquée :
— Entièrement ? Jour et nuit ?
— Vous pouvez la garder la nuit si cela vous rassure, mais ce n’est pas obligatoire.

Trois mois que je portais cette minerve. Et là… liberté ? Je demande :

— Je peux reprendre la rééducation intensivement ?

— Non, il faudra y aller progressivement. Et surtout : interdiction de vous faire craquer le cou ! »

 

J’ai compris. Dans l’ambulance, je n’osais pas tourner la tête. Mon frère, venu me rendre visite le soir, n’était pas au courant. Il était trop content pour moi et m’a proposé de prendre une photo de ma cicatrice (9cm), que je n’avais jamais vue.

La première nuit, je me suis tellement crispée que j’en ai eu mal au cou et aux épaules… Mais avec le temps, j’ai réussi à me détendre et à me comporter comme une personne « normale ».


Des moments plus ou moins drôles

Le 14 octobre, les gendarmes viennent me poser des questions sur l’accident. J’ai tout raconté comme dans mon article. Ils ont tout noté, mot pour mot. Puis j’ai relu et signé 😅

Ils étaient trois gendarmes dont deux présents sur mon lieu d’accident, la gendarmette avait appelé ma mère les semaines qui suivaient pour prendre de mes nouvelles !

Le 19 octobre, bilan urodynamique. Verdict : infection urinaire. Je suis mise sous antibiotiques. Sans sensibilité, je ne me rends même pas compte que j’ai une infection…

Le 31 octobre, ma famille maternelle de La Rochelle me rend visite. Quel bonheur ! Cela faisait si longtemps. On a bien rigolé. Quand l’heure est venue de retourner en chambre, mon frère et ma cousine Solène m’ont accompagnée.

 

J’ai voulu faire la grande : monter seule à ma chambre. Je prends l’ascenseur, arrive devant la porte, me mets en position… et là, un spasme* me projette en avant. Mon joystick est activé : le fauteuil fonce dans la porte. Elle s’ouvre, se referme, s’ouvre, se referme, et moi… coincée, penchée en avant, le pied gauche dans l’encadrement. Heureusement que je ne sentais rien ! 😅

Mon frère arrive et me dit :
— Mais qu’est-ce que tu fous ?
J’ai éclaté en larmes, j’avais eu tellement peur de tomber. Il pensait que je rigolais au début car de loin, il ne me voyait pas. Mais ils ont su me redonner le sourire.

Moralité : j’ai voulu faire la grande… et j’ai appris à mes dépens. C’est comme ça qu’on progresse !


À suivre…

Comment se passera mon prochain rendez-vous avec l’orthopédiste ? Ai-je fait d’autres progrès ? Ai-je découvert de nouvelles activités ? La suite dans le prochain article…

Tu vis une situation similaire ? Tu connais quelqu’un en pleine rééducation ? Partage ton expérience ou pose-moi une question en commentaire 💬

 

*méthode thérapeutique destinée aux enfants, aux adolescents et aux adultes ayant des difficultés sur le plan moteur, comportemental, relationnel ou émotionnel.

*ensemble des techniques de gestion automatisée appliquées à l’habitation (confort, sécurité, communication).

*contraction brusque et involontaire d’un ou de plusieurs muscles.

 

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