ENTOURAGE

Un anniversaire pas comme les autres (et c’est peu dire)

Ce 27 septembre 2021, je soufflais mes 19 bougies. Un âge symbolique, une étape de plus vers l’âge adulte. Mais cette année, j’ai fêté mon anniversaire dans un cadre un peu particulier : une chambre d’hôpital. Pas de grandes festivités, pas de gâteau entouré d’amis, mais une journée pleine d’émotions, de réflexions… et de surprises aussi. À travers cet article, j’ai envie de vous raconter ce moment à ma façon : entre sourires volés, petits instants de bonheur et cette force qu’on apprend à puiser même quand le décor n’est pas celui qu’on aurait imaginé. Parce que la vie, même en fauteuil, même à l’hôpital, continue d’avancer… en roue libre.

 

Même à l’hôpital, je célèbre la vie


Mon anniversaire tomba
it un lundi, je n’ai pas eu énormément de visites puisque tout le monde travaillait… Une ancienne surveillante de mon collège, qui avait ouvert une pâtisserie, a souhaité m’offrir mon gâteau d’anniversaire. A l’heure du goûter, j’invite quelques soignants dans ma chambre pour manger une part de gâteau. Celui-ci était excellent, on s’est régalés !


Le samedi, ma mère m’a réservé plusieurs surprises pour fêter mon anniversaire !
Mais avant tout, il a fallu négocier à ce qu’on me mette au fauteuil, car j’étais toujours alitée.

 

L’équipe débarque !

Comme déjà signalé dans un article précédent Mon histoire avec le football, j’étais capitaine dans une équipe seniors féminine de football. J’avais plusieurs copines dites « amies » dans cette équipe qui venaient régulièrement me rendre visite. Ma mère et mes copines avaient organisé de débarquer dans mon centre avec toute l’équipe et mes entraîneurs pour me souhaiter mon anniversaire ! Ma mère est arrivée aux alentours de 13h30 dans ma chambre, elle a prévenu mon équipe d’arriver pour 14h. Elle a fait en sorte que je sois dos à ma fenêtre pour ne pas que je les vois arriver. Quand les portes coulissantes se sont ouvertes, j’ai cru rêver. Mon équipe entière était là, des ballons bleu et blanc à la main, en haie d’honneur, chantant « Joyeux anniversaire » à pleins poumons :


J’ai senti mon cœur battre si fort qu’il aurait pu me faire tomber du fauteuil. C’était bruyant, coloré, joyeux… et surtout, c’était inattendu. J’étais bouleversée, mais heureuse, tellement heureuse. Franchement, heureusement que je ne cherchais pas à être discrète
🤣

J’étais émue de voir toutes les filles, elles avaient toutes le sourire, contentes de me voir depuis le temps. Elles m’ont offert un maillot de l’Olympique de Marseille floqué « capitaine numéro 3 », un livre où elles ont signé et mis des photos souvenirs de nous au football. Elles ne sont pas restées très longtemps car elles avaient match juste après, mon coach m’a demandé de leur faire un discours de capitaine d’avantmatch, ce qui m’a particulièrement touché !

 

Une fête en continu…


J’ai à peine le temps de dire au revoir que j’aperçois un couple d’amis avec leurs enfants, la marraine de mon frère…
En fait, ma mère avait préparé un planning précis avec l’heure de passage de chacun, et elle leur avait demandé de venir avec un ballon de baudruche à accrocher sur mon fauteuil. Ils restaient 15 minutes, j’avais à peine le temps de remercier et dire au revoir qu’il y avait des nouveaux arrivants. Toute l’après midi ça a été un défilé pour moi, je ne savais plus où donner de la tête !

 

Une chambre d’hôpital pour salle de fête

Aux alentours de 18h, je devais retourner en chambre pour qu’on me sonde sauf qu’ils n’ont pas voulu me remettre au fauteuil après mon sondage suite à mon escarre… Mon cœur est tombé en même temps que l’annonce. J’avais encore des invités dehors, des sourires à offrir, des bras à serrer. Et là, on me disait stop. J’étais dégoûtée. Frustrée. Comme si on m’arrachait à ma propre fête. C’était dur.

C’était comme si on appuyait sur pause alors que tout était en train de vibrer autour de moi. Je ne voulais pas que la journée ralentisse, encore moins qu’elle s’arrête. En conclusion, toutes les 5-10min, une nouvelle personne montait dans ma chambre pour me faire un petit coucou. Ça ne plaisait pas aux soignants mais ce n’est pas grave, ils ne vont pas gâcher ma journée parce qu’ils n’ont pas voulu me relever !

                       

Au final, je me suis retrouvée avec 42 ballons de formes, couleurs, tailles différentes ! Comment vous dire que j’ai eu du mal à rentrer dans l’ascenseur 😂 Vous voyez le film « là haut », la maison qui s’envole avec tous les ballons ? J’ai cru me voir dans le film mais je ne m’envolais pas, je roulais 😉


Un cadeau numérique, mais rempli d’émotions
J’avais vaguement glissé à mon cousin, un jour, que j’adorerais recevoir une vidéo de mes amis pour mon anniversaire. Une idée lancée à la volée, sans trop y croire. Mais il avait retenu ma demande.

Un peu plus tard dans la soirée, mon cousin est arrivé discrètement dans ma chambre. Il tenait une clé USB dans une main et son ordinateur dans l’autre. Sans rien dire, il a branché l’ordi, cliqué sur un fichier… et là, il a simplement appuyé sur « play ».

Et c’est parti pour le visionnage.

Dès les premières secondes, les larmes ont commencé à couler. Impossible de les retenir. L’écran s’est rempli de visages familiers : mes amis, un à un, m’adressaient des messages. Des mots d’amour, des compliments, des encouragements, des blagues. Certains avaient enregistré leur vidéo dans leur chambre, d’autres dans leur jardin, d’autres encore dans leur voiture, en pleine rue… Chacun à sa façon, mais tous avec le cœur. Certains savaient qu’ils ne pourraient pas venir me voir, alors ils avaient choisi de m’envoyer leur présence autrement. Et ça valait tout l’or du monde.

Je n’arrivais plus à m’arrêter de pleurer. Ce n’était pas de la tristesse. C’était un trop-plein. D’amour, de gratitude… mais aussi de prise de conscience. J’avais 19 ans. Et ce jour-là, j’étais coincée dans un lit d’hôpital, avec des jambes et des doigts qui ne répondaient plus. Ce contraste m’a frappé en plein cœur. La force de mes amis face à ma propre fragilité. Leur énergie dans un moment où je me sentais à plat.

C’était une idée de génie de la part de mon cousin. Un cadeau immatériel, mais profondément réel. Il ne prenait pas de place sur une étagère, mais il en a pris une immense dans mon cœur.

 

Quand la fête dérange…

Le soir, j’ai eu le droit à une réflexion de la part de mes soignants en me disant que ce n’était pas sympa pour les patients qui ont très peu de visites de me voir passer devant leur chambre avec tous ces ballons…  J’ai encaissé leur remarque comme un coup de froid. J’étais abasourdie. J’étais la plus jeune du centre, et ce jour-là, c’était MON jour. Et je devais le cacher ? Me faire toute petite pour ne pas déranger ? Ce que je vivais, ce n’était pas du bruit : c’était de la vie. Et pour une fois, elle brillait un peu.

Le lendemain, une fois ma toilette terminée, ils ont décidé de ne pas me mettre au fauteuil tant que je n’avais pas enlevé les ballons de mon fauteuil. C’est sûr que je vais pouvoir le faire toute seule… Quand ma mère est arrivée à 14h, elle a coupé les ballons délicatement afin qu’ils n’éclatent pas pour éviter de déranger les voisins ! Ma mère déteste ceux qui m’ont offert des ballons avec des confettis, elle a dû les ramasser un à un 😅 J’ai gardé certains ballons avec de l’hélium, ils étaient à mon plafond, ils ne gênaient pas. De l’extérieur, on apercevait mes ballons dans ma chambre, c’était sympa, cela apportait un peu de gaieté !

Une fois que mon fauteuil n’avait plus de décorations, j’ai pu être mise dessus !!

Ce jour-là, j’ai compris une chose : même entre les murs d’un hôpital, on peut ressentir la chaleur de l’amitié, la force d’une famille et la joie d’être entourée. Il suffit parfois d’un peu d’amour, de quelques ballons… et d’une mère déterminée ! Merci à toutes celles et ceux qui ont fait de ce 19ème anniversaire une journée inoubliable 🫶

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